Le billet de François - 02

Pour débuter

 

Vous avez appris la marche des pièces, les prises, la promotion, le roque, et la prise en passant aussi. Vous avez vu quelques figures de mat, et vous avez sorti le beau jeu en plastique offert à votre jeune ado qui préfère Grand Theft Auto. Le contraire est possible : votre père squatte la console et vous tentez de jouer en ligne avec un pote.

Bref, vous avez commencé à pousser du bois, comme on dit. Un peu comme on joue à la belote le dimanche après-midi en famille avec le partenaire râleur et mauvais perdant, pendant que Mamie s’endort en regardant Michel Drucker…

Il faut maintenant passer à l’étape supérieure : donner un sens à tout ça. Comme dans toute histoire, il y a un début, un milieu et une fin.

 

Le début… (ici, on parle d’ouverture. Nous ne sommes pas loin d’un opéra, avec un roi qui meurt malgré le sacrifice de son épouse !)

… le début, donc, sert à contrôler le centre soit en l’occupant soit en ayant une action sur lui. Quand on a les blancs, jouer e4 ou d4 en premier est une bonne idée, et quand on a les noirs répondre e5 ou d5 est également une bonne idée. Quelques pions se déplacent, cavalier et fous s’affrontent dans cette conquête centrale avec l’idée de rendre chaque pièce la plus active possible. A la fin de l’ouverture, disons vers le 10° coup, quelques pions ont été déplacés, les pièces mineures (Fous et Cavaliers) sont parties à la conquête du centre, le roi serait idéalement à l’abri après un roque, et les tours doivent pouvoir se protéger mutuellement en étant toujours sur la première rangée (pour les blancs). La dame, quant  à elle, prudente, reste loin de l’action mais prête à faire feu.

Oui, c’est un opéra, avec son intrigue, ses pièges, et ses retournements de situation. Des cavaliers, les fourbes, attaquent plusieurs adversaires en même temps avec de terribles fourchettes, des pions se sacrifient pour se rapprocher de la case de promotion tout en ouvrant des colonnes, la reine est piégée sans solution de repli. Des Fous et des évêques (Bishop en anglais) meurent. La poudre parle pour affaiblir l’adversaire, à moins qu’une perfide infiltration (comme une tour noire sur la première rangée) accélère le dénouement. Chaque coup est la conséquence d’une analyse tactique et stratégique. 

Et le roi se sent seul, entouré de sa garde rapprochée, acculé sur un côté de l’échiquier. Quelques pions et une tour le défendent encore. Mais autour de lui, la cavalerie adverse l’encercle avec l’appui de leur propre reine. Le roi est menacé, aucune case ne lui offre l’échappatoire tant espéré. Le roi se meurt !

François

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